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Après la représentation bord plateau avec l'artiste Samantha van Wissen et le producteur Michaël Monney, animé par Roman Weishaupt (Theater Chur) et Julie Paucker (directrice artistique)
Au prime abord, on dirait une lecture-performance. Une femme se tient, seule, sur un plateau blanc, elle se présente, et donne un aperçu charmant et bien tourné de son projet : parler du chef d’œuvre absolu du ballet romantique, «Giselle». Mais il y a aussi les quatre musiciennes en arrière-fond: harpe, violon, flute traversière et saxophone. Et il y a les paillettes sur le pull de la performeuse – petites promesses de glamour. Ce qui se passe ensuite est époustouflant : on a devant soi le plateau blanc, qui reste vide. On voit pourtant se déployer tout le ballet romantique : les scènes, esquissées, ébauchées en quelques pas, en quelques notes, se suivent les unes les autres. L’imagination des spectateurs, éveillée par une performeuse hors pair et quelques bribes de musique romantique, transforme l’esquisse en tableau. C’est un événement collectif s’il en est, une déclaration d’amour au théâtre. Et après tout ce temps passé sur des canapés plutôt que dans des salles de spectacle, l‘expérience est extraordinairement libératrice.
Le spectacle mis en scène par François Gremaud tient tout entier à la personne de Samantha van Wissen : cette danseuse de la compagnie Rosas d’Anne Teresa De Keersmaeker n’est pas une récitante comme une autre. Elle séduit par son exceptionnel talent de comédienne, elle a un humour fin et toujours chaleureux, jamais dénigrant. On dirait que le metteur en scène lui a taillé sa « Giselle… » sur mesure. Dans sa version de ce ballet classique, il accomplit le tour de force de poser un regard ironique sur le monde du ballet tout en étant plein de ferveur pour l’élégance de l’original. Qu’il réussisse dans les deux registres, et souvent simultanément, est particulièrement spectaculaire. On rit de beaucoup de choses dans le ballet classique qui ne sont plus tout à fait de notre temps, pour dire les choses gentiment: la convention bourgeoise des applaudissements, la façon tout de même assez machiste dont le protagoniste masculin empoigne sa partenaire, les pantalons ultramoulants des danseurs et les ailes minuscules sur le dos des danseuses. Et pourtant on se sent comme un enfant qui aimerait tant que la musique ne s’arrête pas, que Giselle ne meure pas, et que son amour ne soit jamais déçu.
« Giselle… » est le deuxième volet d’une trilogie réalisée par François Gremaud en collaboration avec le Théâtre Vidy-Lausanne. Il la dédie à trois figures féminines tragiques, avec à chaque fois un seul comédien ouune seule comédienne sur scène. Dans„Phèdre!“ (2017), qui avait été montré à la Rencontre du Théâtre Suisse de 2019, il s’était emparé du plus classique des classiques français, et avait donné le rôle au comédien Romain Daroles. Celui-ci l’a joué dans plus de 300 représentations données en France et en Suisse. Après «Giselle…», une «Carmen» en préparation constituera le troisième volet de la trilogie. Le tour est à l’opéra, après le théâtre parlé et le ballet. Le metteur en scène a l’intention d‘interpréter la Carmen de Georges Bizet à deux, avec la chanteuse Rosemary Standley. François Gremaud s’est vu décerner le Prix suisse du théâtre 2019 pour l’ensemble de son œuvre.
Julie Paucker (directrice artistique)
Concept et mise en scène
François Gremaud
Avec
Samantha van Wissen
Musique
Luca Antignani, d’après Adolphe Adam
Musicien-ne-s interprètes
Violon :Anastasia Lindeberg
Harpe:Valerio Lisci
Flute: Héléna Macherel
Saxophone: Sara Zazo Romero
Texte
François Gremaud, d’après Téophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges
Choréographie
Samantha van Wissen, d’après Jean Coralli et Julies Perrot
Assistanat
Wanda Bernasconi
Son
Bart Aga
Direction technique et lumières
Stéphane Gattoni – Zinzoline
Administration, production, diffusion
Noémie Doutreleau, Michaël Monney
Production
2b company
Coproductions
Théâtre de Vidy-Lausanne (CH), Théâtre Saint-Gervais Genève (CH), Bonlieu Scène Nationale Annecy (FR), Malraux Scène Nationale Chambéry Savoie (FR), dans le cadre du projet PEPS – Plateforme Européenne de Production Scénique, Théâtre de la Ville – Paris/Festival d’Automne à Paris
Surtitres allemands
Sophie Müller