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Dans ton intérieur

Julia Perazzini / Cie Devon Lausanne

ven. 23.05. — 16:00 — Südpol

durée 135' (SANS PAUSE) – français, anglais – surtitres allemand

« Lorsqu’on me demande si je suis Italienne, je réponds : oui, un petit peu. Avec un sourire en coin. »

Mais pourquoi dit-elle cela? Julia Perazzini, c’est ce que nous apprend sa voix enregistrée, a grandi à Lausanne, tout comme son père qui y est arrivée de Milan à l’âge d’un an. La partie italienne de son histoire familiale se résume à cela. Ni elle ni son père n’ont connu Giancarlo, ce grand-père et père dont ils portent le nom. Ce nom, Perazzini, qui plait tant à beaucoup de gens, Julia, alors qu’elle entre sur scène, posée, jetant un regard neutre autour d’elle, le ressent comme un vide. Il ne lui évoque rien.

Mais cela va changer au cours de la soirée. Julia en effet nous entraîne dans une enquête de détective, voyeuriste, à la recherche des traces de ce grand-père disparu. Nous la suivons avec la même fascination que si c’était notre histoire qui est déterrée, couche après couche. Et nous nous demandons, consternés, ce que nous découvrerions si nous nous précipitions sur nos propres ancêtres et si nous nous mettions à disséquer avec la même acribie obstinée et en même temps impartiale le passé familial.

Les débuts de cette quête autobiographique tombent sous le sens, même si cela n’a pas dû être facile : Julia Perazzini engage le dialogue avec sa grand-mère qu’elle connait à peine et pour laquelle elle a encore moins d’affection. C’était elle qui avait coupé tout lien avec Giancarlo et qui coupe court à la conversation à chaque fois qu’il est question de lui.

Puis commence un voyage qui entraîne Julia chez les autorités, dans les familles, les pays, les continents, qui l’amène à retrouver d’innombrables personnes qui avaient connu ou prétendaient avoir connu son grand-père. À partir de l’évocation de ce voyage, elle tisse une longue conversation avec la grand-mère sur son lit de mort, faites de fragments, de trous de mémoire, de lubies séniles, de remarques gricheuses, de dénis. Le voyage vers le passé est également un voyage vers la mort, vers ce qui n’est plus et qu’il n’y a pas moyen de faire revenir.  

Le tout est joué magnifiquement par Julia Perazzini seule en scène pendant toute la soirée, et qui accomplit la prouesse de peupler la scène d’objets et d’existences comme déposées par la marée. Des bribes d’existences qui recoupent la vie du grand-père, qui en ont peut-être fait l’essence ou l’ont seulement croisé, recomposent un patchwork lointain et intangible.

Julie Paucker

 

L’artiste Julia Perazzini consacre à cette quête sur les traces de l’histoire familiale un seul en scène grandiose que beaucoup considèrent comme son chef d’oeuvre. On peut voir comme une parenté entre cette pièce, « Blutbuch » de Kim de l’Horizon et  la recherche fictive de traces entreprise par Lukas Bärfuss et le Theater Basel avec « Die Krume Brot ». Avec des moyens à chaque fois différents, les uns comme les autres font apparaître la dimension globale de biographies suisses. Ils présentent des existences actuelles comme le résultat de circonstances passées souvent ignorées ou incomprises - accidentelles ou fatidiques, qui sait ? – auxquelles nous ne pouvons rien, qui ne sont pas de notre fait, mais dont nous sommes incontestablement le produit.

  • distribution

    Conception, écriture, interprétation : Julia Perazzini
    Collaboration artistique, dramaturgie : Louis Bonard
    Lumière : Gildas Goujet
    Musique et régie son : Andreas Lumineau
    Hypnose et regard extérieur : Anne Lanco
    Costumes : Rachèle Raoult
    Création prothèse et masque : Jean Ritz
    Collaboration à la scénographie : Mélissa Rouvinet
    Régie générale tournée : Vincent Scalbert
    Stagiaire et collaboration : Joanika Pages
    Administration et production de la création : Tutu Production – Véronique Maréchal
    Administration des tournées en Suisse : Samuel Golly
    Diffusion hors Suisse : Théâtre Public de Montreuil
    Production : Cie Devon
    Coproductions : Arsenic – Centre d'art scénique contemporain Lausanne, Théâtre Public de Montreuil – Centre Dramatique National, Maison Saint-Gervais Genève
    Soutiens : Ville de Lausanne, Canton de Vaud, Loterie romande, Pro Helvetia, Ernst Göhner Stiftung, Fondation Leenaards, Fondation Jan Michalski, Migros Vaud
    Remerciements : Emilie Berry, Simon Guélat, Antoine Héraly, la Maison Kammer et Maxime Gorbatchevsky, Estelle Rabis, Redwan Reys, Marie Villemin

  • liens

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